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LE PHARE DE FORMENTOR

Far de Formentor

L'UN DES ENDROITS LES PLUS MAGIQUES DE POLLENÇA

Ce phare, construit avec difficulté en raison de l’abrupt terrain, une péninsule qui présente une symbiose parfaite entre la nature et l’art.

Il se trouve à l’extrême nord de l’île de Majorque, un lieu qui en plus de posséder une beauté naturelle extraordinaire, a servi d’inspiration pour de nombreux artistes. Car la péninsule de Formentor est, avec le Cavall Bernat de Cala Sant Vicenç, aussi dans la commune de Pollença, l’un des lieux les plus représentés et décrits de l’île. 

En suivant la route sinueuse qui vous a mené à ce point, vous avez pu voir diverses criques (Cala Figuera, Cala Murta et Cala en Gossalba), le belvédère du Colomer d’où l’on voit l’îlot du même nom, la tour de garde d’Albercutx et le célèbre Hôtel Formentor près d’une plage aux eaux cristallines.

Tout cela en peu de kilomètres jusqu’à arriver au phare de Formentor, qui a été inauguré en 1863 dans le cadre de l’installation de divers points de signal lumineux à Majorque pour offrir une meilleure sécurité aux embarcations qui naviguaient au long de ces côtes pendant la nuit. Mais de tous les phares construits alors, celui de Formentor a était celui qui a présenté le plus de difficultés en raison de son emplacement, l’un des paysages les plus sauvages et isolés de l’île, ce qui, d’un autre côté, lui a permis d’avoir un plan focal plus élevé.

En effet, bien que les travaux ont commencé en 1857, les deux premières années et demie ont été uniquement dédiées à l’ouverture d’un chemin spécial pour pouvoir mener jusque là les matériaux nécessaires afin de construire le phare, une exécution où plus de 200 personnes ont travaillé. Les ouvriers y travaillaient tous les jours, y compris le dimanche et les jours fériés, entraînant que l’évêque de Majorque a ordonné qu’un autel soit érigé à ce lieu pour qu’ils puissent écouter la messe avant de travailler.

Après de grands efforts, ils ont pu construire le phare avec sa tour de 22 mètres de  hauteur, dont le point central a la plus grande hauteur de l’île, et diverses maisons pour les gardiens du phare, tout cela situé à 210 mètres de hauteur sur le niveau de la mer. Aujourd’hui, comme le phare est contrôlé par un signal solaire télécommandé, les anciennes maisons de gardiens du phare hébergent des services de restauration.

Formentor et l’art

La beauté de ce paysage a transformé Formentor en un pôle d’attraction d’artistes, parmi lesquels nous pouvons citer le poète le plus connu de Pollença, Miquel Costa i Llobera (1), dont la péninsule a appartenu à cette famille et où il s’est inspiré pour écrire son poème emblématique « El Pi de Formentor » (2).

Car cette péninsule est profondément liée à la littérature, depuis 1959, une rencontre littéraire du plus haut niveau est célébrée à l’hôtel Formentor (3), encouragé par le Prix Nobel espagnol Camilo José Cela, qui a amené à cet endroit de grands génies de la littérature. Il s’agit des actuelles Conversations littéraires de Formentor, qui ont débuté leur aventure en tant que Conversations poétiques de Formentor, parmi lesquelles sont passées des auteurs tels que Vicente Aleixandre, Gerardo Diego, Blas de Otero, José Hierro, Carlos Fuentes ou José Saramago, parmi beaucoup d’autres.


(1) Miquel Costa i Llobera : Considéré comme étant l’un des grands poètes de la langue catalane de tous les temps, Miquel Costa i Llobera est né en 1854 au sein d’une des familles les plus riches de l’île, bien que son orientation vers la littérature a entraîné qu’il laisse de côté son rôle de gestionnaire de l’héritage familial. Sa poésie possède un caractère classique, régionaliste et religieux. Ce dernier aspect l’a tant marqué qu’il en est arrivé à devenir prêtre. Il fut de plus un personnage clé pour expliquer la renaissance de la culture catalane non seulement à Pollença, mais également dans tout Majorque, obtenant que la langue gagne son propre prestige local et une normalité de son usage dans le domaine de la création littéraire ou dans le domaine officiel. Il est décédé à Palma en 1922. À Pollença, vous trouverez une place avec son nom où il existe également un monument dédié à sa mémoire.


(2) « Le Pin de Formentor » :
Mon cœur aime un arbre ! Plus vieux que l’olivier
Plus puissant que le chêne, plus vert que l’oranger,
il conserve de ses feuilles le printemps éternel,
et il lutte contre les vents qui secouent la rive,
comme un guerrier géant.


La fleur amoureuse ne se penche pas par ses feuilles,
la petite fontaine ne va pas embrasser ses ombres ;
mais Dieu a oint son front consacré d’arômes
et il lui a donné pour terrain le flanc abrupt,
pour fontaine la mer immense.


Lorsque loin, sur les vagues, la lueur divine renaît,
l’oiseau captif ne chante pas dans ses branches ;
il écoute le cri sublime de l’aigle marin,
ou du vautour qui s’élève, il sent l’aile gigantesque
agiter son feuillage.


Sa vie ne se nourrit pas du limon de cette terre ;
il tord dans les rochers sa racine puissante,
il a des pluies et des rosées et des vents et la lueur ardente,
et, comme un vieux prophète, il reçoit la vie et il s’alimente
des amours du ciel.


Arbre sublime ! Il est l’image vivante du génie ;
il domine les montagnes et il contemple l’infini ;
pour lui la terre est dure, mais son branchage embrasse
le ciel qui l’enchante et il a l’éclair et la brise
pour gloire et plaisir.


Oh oui : que quand libres hurlent les vents
et il semble entre la mousse que tombe sa roche,
alors il rit et il chante plus fort que les vagues
et, vainqueur, il secoue sur les nuages
sa chevelure royale.


Arbre, mon cœur t’envie. Sur la terre impure,
je porterai ton souvenir comme un habit saint.
Lutter constant et vaincre, régner sur la hauteur
et s’alimenter et vivre du ciel et de lueur pure...
Ô vie, ô noble chance !


Debout, âme forte ! Traverse la brume
et enracine dans la hauteur comme l’arbre des roches.
Tu verras tomber à tes pieds la mer du monde en colère,
et tes chansons tranquilles iront dans le vent
comme l’oiseau des tempêtes.

(3) Hôtel Formentor : L’hôtel Formentor a été inauguré par le millionnaire argentin d’origine allemande Adán Diehl en 1929 avec l’illusion de créer un espace pour que les artistes puissent s’inspirer de ce cadre. Beaucoup d’entre eux y sont passés, mais cela n’a pas évité que le grand investissement que ce projet a requis l’amena à la ruine, ce qui fait qu’en 1935 il abandonne l’île pour s’installer définitivement à Buenos Aires. Depuis lors, il a changé de propriétaires à deux occasions, bien qu’il ait maintenu ses portes ouvertes pour héberger un grand nombre de politiciens, d’artistes ou de personnalités à échelle internationale, telles que Winston Churchill, le Dalaï-lama, Le Corbusier, Severo Ochoa, Charles Chaplin, John Wayne, Audrey Hepburn, Grace Kelly, parmi beaucoup d’autres.