Accéder au contenu principal

PUIG DE MARIA

Carrer del Puig de Maria (Carretera de Palma al Port de Pollença, s/n)

UNE VUE INCOMPARABLE SUR LA VILLE DE POLLENÇA

Conçu au XIVe siècle comme une supplique de protection à la Vierge contre la peste noire, ce bâtiment, actuellement d’aspect néogothique, accueille visiteurs et hôtes.


Conçu au XIVe siècle comme une supplique de protection à la Vierge contre la peste noire, ce bâtiment, actuellement d’aspect néogothique, accueille visiteurs et hôtes.

À 330 mètres sur le niveau de la mer se trouve ce sanctuaire dédié à la Vierge Marie, dont la construction a commencé en 1348 pour lui implorer la protection contre l’épidémie de peste noire qui frappait toute l’Europe et qui cette année-là est arrivée à Majorque, provoquant la mort de près de 20 pour cent de la population. Le lieu choisi ne fut pas un hasard, puisque selon la tradition, une statue de la Vierge y avait été retrouvée par plusieurs habitants qui étaient montés jusqu’à ce lieu attirés par des phénomènes lumineux surnaturels.

Le monastère qui aujourd’hui peut être vu sur cette colline, depuis laquelle des vues magnifiques peuvent être contemplées sur les baies de Pollença et d’Alcúdia, la Serra de Tramuntana et l’Albufereta de Pollença, a vécu une grande transformation depuis son origine. Ainsi, en 1348 la construction de la chapelle a été autorisée, et elle a été terminée en 1355 par l’invocation de la Vierge Marie du Puig de Pollença.

Peu de temps après, en 1362, trois religieuses qui avaient formé une petite communauté de clôture se sont installées à ce lieu, et après que plusieurs religieuses s’y soient unies, elles ont décidé d’ériger un monastère qui a été consacré en 1371. Quelques années plus tard, les murailles et une tour de défense ont été ajoutées à cette construction, depuis lesquels les éventuelles invasions par voie maritime étaient surveillées.

Splendeur et déclin

Le monastère a vécu sa plus grande période de splendeur au XVe siècle, puisque diverses familles de la noblesse amenaient là-bas leurs filles et assuraient leur confort. Mais en 1564, l’évêque de Majorque a ordonné la fermeture du monastère en raison du refus de la plupart des religieuses aux rénovations imposées par le Concile de Trente (1) et celles-ci ont été déplacées à Palma. Le monastère n’ouvrirait plus jusqu’en 1638, bien que sans une communauté religieuse pour s’occuper de son culte.

Au XVIIIe siècle, l’église a subi une rénovation profonde qui a même modifié son style architectural, passant du gothique (2) au baroque (3), malgré qu’à la fin du XIXe siècle, une nouvelle intervention lui rendrait son style original grâce au courant néogothique qui faisait fureur à cette époque en Europe. Cette dernière rénovation a été impulsée par le poète et prêtre de Pollença Miquel Costa i Llobera (4), et depuis, le monastère est resté dans les mains de plusieurs communautés religieuses, hébergeant aujourd’hui un service d’hôtellerie avec 12 cellules pour passer la nuit.

Parmi les éléments les plus remarquables du monastère du Puig de Maria, nous retrouvons sans aucun doute son réfectoire (5), l’un des espaces les plus purs conservés, ainsi que l’image de la Vierge qui peut être contemplée sur le retable de l’autel majeur et qui date du XIVe siècle.

(1) Concile de Trente : Ensemble de réunions des principaux hommes de l’Église catholique débutées par le Pape Paulo III qui ont eu lieu à la commune italienne de Trente entre les années 1545 et 1563 avec deux buts fondamentaux : répondre à la Réforme protestante et fixer le dogme catholique après la dégradation à laquelle l’Église catholique était arrivée au XVIe siècle. Parmi les questions abordées, plusieurs sont associées aux couvents de clôture, tels que le Puig de Maria, et qui ont été à l’origine des différends entre les religieuses de la communauté et l’évêque de Majorque de l’époque, Diego de Arnedo.

(2) Style gothique : Style artistique compris entre le Roman et la Renaissance, développé en Europe occidentale entre les XIIe et XVe siècles, bien qu’il existe encore des caractéristiques du style au XVIe siècle. Son nom provient du terme « godo », faisant référence au peuple germain oriental qui a vécu entre les IIIe et VIe siècles, voulant dénommer ainsi une architecture aux éléments confus et désordonnés par contraste à la perfection et à la rationalité de l’art classique. Ce style a mis un accent particulier sur la légèreté de la structure et l’illumination extérieure des nefs.

(3) Style baroque : Terme avec lequel s’identifie le mouvement culturel et artistique développé aux alentours du XVIIe siècle et de la moitié du XVIIIe siècle, qui se caractérise par l’ornementation excessive. En effet, le concept de Baroque a été inventé par ses critiques en utilisant le vocable français « baroque », l’une des possibles traductions étant « extravagant », faisant référence à ce qui était considéré un excès de la part de certains artistes. En tant que style il est le successeur de la Renaissance, et il précède le Néoclassicisme. Il a commencé à devenir populaire en Italie, pour ensuite s’étendre au reste de l’Europe.

(4) Miquel Costa i Llobera : Considéré comme étant l’un des grands poètes de la langue catalane de tous les temps, Miquel Costa i Llobera est né en 1854 au sein d’une des familles les plus riches de l’île, bien que son orientation vers la littérature a entraîné qu’il laisse de côté son rôle de gestionnaire de l’héritage familial. Sa poésie possède un caractère classique, régionaliste et religieux. Ce dernier aspect l’a tant marqué qu’il en est arrivé à devenir prêtre. Il fut de plus un personnage clé pour expliquer la renaissance de la culture catalane non seulement à Pollença, mais aussi dans tout Majorque, obtenant que la langue gagne son propre prestige local et une normalité de son usage dans le domaine de la création littéraire ou dans le domaine officiel. Il est décédé à Palma en 1922. À Pollença, vous trouverez une place avec son nom où il existe également un monument dédié à sa mémoire.

(5) Réfectoire : Salle à manger des moines et des religieuses dans les monastères, souvent à forme rectangulaire, où les tables et les chaises sont alignées tout au long des murs et où il y a souvent de grandes fenêtres pour laisser passer la lumière.